Raphaël Glucksmann fait son Black Friday, l'occasion de revoir la liste des motifs d'internements dans les camps Ouïghours
novembre 29 2021 – Maud Oukaltoum

En Octobre dernier le député Européen, Raphaël Glucksmann, avait déjà établi une nouvelle liste des marques accusées de profiter du travail forcé des Ouïghours dans la région de Xianjiang en Chine. Après avoir retiré son post sur les réseaux sociaux, il édite le Vendredi 26 Novembre, une nouvelle liste à jour des marques incriminées.
Des marques qui devraient être encore plus nombreuses
Raphaël Glucksmann, député au parlement européen et essayiste, a fait de la cause Ouïghours l'un de ses principaux combats au côté de Dilnur Reyhan, la présidente de l'Institut Ouïghours d'Europe. C'est sur le 26 Novembre dernier qu'il a décidé d'éditer une nouvelle liste des marques accusées de profiter du travail forcé des Ouïghours. Une date qui n'est pas choisie au hasard puisque jour du Black Friday dédié à la consommation de masse à travers l'Europe et l'Amérique du Nord.
"Nous avons mené des campagnes depuis 2020 contre les multinationales qui s’enrichissent sur le dos d’un peuple en esclavage. Certaines ont accédé à nos demandes. D’autres non. Il faut désormais que la puissance publique agisse." a-t'il lancé sur son compte instagram. Avant de poursuivre "Mon équipe travaille à identifier d’autres marques et à rassembler des preuves sur leurs liens avec le travail forcé des Ouïghours. Je vous tiendrai bientôt informés des résultats de nos enquêtes." Une liste qui pourrait très prochainement s'allonger donc.
Mais quelles sont les preuves actuelles qui attestent de l'existence d'un génocide en Chine ?
D'après Dilnur Reyhan, tous les éléments sont réunis pour qualifier la situation des Ouïghours en Chine comme génocide. Des images satellites auraient révélé en 2014 que 380 camps d'internements existeraient depuis 2014 dans la région de Xianjiang en Chine. Selon le gouvernement il s'agirait de camps de déradicalisation ou encore de formation. Une existence que la Chine a pourtant nié jusqu'en 2018 avant de confirmer leur existence, tout en précisant que ces camps ont pour seul but d'éduquer des personnes potentiellement dangereuses voir terroristes. L'Organisation des Nations Unies dresse à charge différentes exactions : travail forcé, stérilisation imposée, contrôle des naissances, etc. En 2019, les Etats-Unis estimaient à 3 millions d'individus présents dans ces camps.
Mais alors pour quels motifs ces personnes peuvent-elles être incarcérées ?
Sur la base de documents officiels chinois, il y aurait 48 motifs qui pourraient être invoqués pour estimer l'incarcération d'une personne dans l'un des camps de Xianjiang. Parmi ces motifs on y retrouve le fait de jeûner, prier, ne pas boire d'alcool, avoir une barbe fournie pour les hommes ou encore le fait de porter un hijab pour une femme avant l'âge de 45 ans... Avoir l'application whatsapp, trop d'enfants, une lettre arabe brodée sur sa chemise ou encore avoir voyagé à l'étranger sont autant de motifs susceptibles de justifier l'entrée d'une personne dans un camps.
48 motifs pour lesquels les Ouïghours sont envoyés en camps de concentration. La liste complète contient 75 motifs, nous en avons traduit 48.#closethecamps #FreeUyghur #FranceForUyghurs #UyghurLivesMatter #UyghurGenocide pic.twitter.com/AnMJpCCclA
— Dr. Dilnur Reyhan 🖋📚🌈 (@DilnurReyhan) July 16, 2020
En Février 2020 le très sérieux journal Financial Times publiait la Karakax list venant compléter cette dernière où l'on peut y retrouver d'autres motifs tel que celui d'effectuer le pèlerinage du hajj ou de donner de l'argent à une mosquée.
Bannir les produits qui profitent du travail forcé
Plus de 8000 kms séparent la France de la Chine, il serait donc aisé de ressentir un sentiment d'impuissance... et pourtant ! Sur son post instagram Raphaël Glucksmann revendique la mise en place de "l'import ban" promis par la Commission Européenne. "Le bannissement des produits issus du travail forcé c'est ce que font les Etats-Unis depuis un an" a-t-il rappelé lors d'une intervention le Mercredi 17 Novembre à Perpignan. "Ainsi les douaniers américains peuvent saisir les chaussures Nike ou interdire leur entrée sur le territoire. En un an les 100 marques accusées ne vendent plus que 1% de leurs produits fabriqués par les Ouïghours contre 19% l'année passée. Tandis qu'a contrario, l'Europe compte 38% d'importation contre 16% l'année précédente !". Une régulation de ses importations seraient donc l'un des majeurs moyens de pression. Une résolution votée en Mars 2021 par le Parlement Européen pourrait elle aussi aider à une évolution drastique pour une production plus éthique. Ainsi, le Parlement "ouvre la voie à une nouvelle loi Européenne exigeant que les entreprises respectent les normes en matière de droits de l'homme et d'environnement dans leur chaîne de valeur". Ceci devrait imposer aux entreprises une meilleure maîtrise de l'ensemble de leur chaîne de production encore trop floue à ce jour et notamment dans l'univers de la mode. Une décision qui pourrait avoir un impact positif pour cette cause lorsque l'on sait que 23% du coton mondial est produit en Chine.
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