Les Internautes accusent Le Concours Miss Univers d’appropriation culturelle envers la Palestine
janvier 03 2022 – Maud Oukaltoum

Des photos des Miss en Robe Palestinienne pour promouvoir le tourisme Israélien affolent twitter.

Le 13 décembre dernier a eu lieu l’élection de Miss Univers. La 70ème édition de ce concours s’est déroulée cette année à Eilat en Israël. Durant leur passage dans le pays, on a pu suivre les candidates sur les réseaux, participant à diverses activités permettant de promouvoir le tourisme en Israël. Des photos dévoilent certaines d’entre elles en tenue traditionnelle palestinienne, suscitant l’indignation des internautes.
Des candidates découvrant la culture israélienne, vêtues de robes palestiniennes
Il est de coutume que les jours précédents le concours de Miss Univers, les candidates prennent le temps de découvrir la culture du pays. Elles participent à des activités culinaires ou sportives, permettant d’allier l’utile à l’agréable tout en participant à la promotion du tourisme. Cette année, le concours se tenant à Eilat en Israël, les candidates ont pu s’essayer à la cuisine en préparant des feuilles de vigne, plat traditionnel palestinien ou encore des maamoul, une pâtisserie typique de Palestine. Des ateliers qui n’ont pas manqué d’être pris en photo, dévoilant Miss Philippines, vêtue d’une robe traditionnelle palestinienne, au même titre que Miss Ukraine, vêtue elle aussi de ce vêtement typiquement palestinien. Une robe ornée de broderies, nommées tatriz.
The Miss Universe Pageant is being hosted by the Israeli regime this year. Several contestants have withdrawn but many others are still taking part including those from the Global South.
— Dr. Yara Hawari د. يارا هواري (@yarahawari) December 8, 2021
In this post, Miss Philippines shows off the gross appropriation of Palestinian culture. https://t.co/rCI2xUqE2R
La culture palestinienne au profit du tourisme israélien
Les deux candidates ayant profité de l’occasion pour poster des photos sur leurs réseaux sociaux n’ont à aucun moment fait mention de la Palestine. Quand Miss Philippines tweet « Une journée dans la vie des Bédouins » portant à croire que la vie des Bédouins palestiniens fait partie intégrante de la culture israélienne, Miss Ukraine ne rattrape pas la mise et pour cause, la jeune femme a posté des photos d’elle, préparant cette célèbre pâtisserie palestinienne : le maamoul. « Nous nous sommes arrêtés dans une colonie bédouine en Israël et nous nous sommes plongées dans leur culture et leur tradition » a-t-elle publié sur son compte Instagram.
Une vidéo publiée par Miss Philippines montre les candidates dansant et chantant sur des musiques folkloriques palestiniennes. Une vidéo destinée elle aussi à la promotion du tourisme en Israël, notamment pour le compte Visit Israel. Des contenus qui n’ont pas manqué de faire réagir les internautes, accusant Israël de voler leur culture, en tentant « d’effacer l’existence des autochtones ». Ils dénoncent également « la promotion des forces d’occupation par l’appropriation culturelle ».
Miss Israël se présente en robe palestinienne au concours Miss Univers
Si les candidates des Philippines et de l’Ukraine ont provoqué l’indignation des internautes, Miss Israël, elle, a déclenché une manifestation. La jeune femme s’est présentée elle aussi vêtue de cette robe palestinienne. Face à cette attitude, les femmes de Gaza ont exprimé leur colère. La robe typique palestinienne est plus qu’un vêtement. Elle représente un patrimoine, un héritage et demeure un véritable symbole de la culture palestinienne.
« Nous avons vu Miss Israël qui portait notre robe, qui est notre patrimoine, et nous devons nous y opposer. Le patrimoine palestinien est le nôtre, pas le leur » déclare Khaitham, une manifestante de 18 ans.
« Miss Univers n’est pas un mouvement politique, ni religieux » a déclaré l’ancienne Miss Univers, Andrea Meza lors d’une interview donnée à l’AFP à Jérusalem en Novembre dernier. Elle affirmait que ce concours devait se tenir à l’écart de la politique.
L’appropriation culturelle : un phénomène répandu chez certaines marques
L’appropriation culturelle ou le plagiat est un phénomène récurrent dans le milieu de la mode. Des marques comme Zara ont déjà été accusées d’appropriation culturelle ou de plagiat. Une créatrice de mode cubaine, Idania del Rio fondatrice de la marque cubaine Clandestina, accusait en 2019 la marque du géant d’Inditex de plagiat. Plus tard, Zara fut accusé d’appropriation culturelle par le Mexique, ce dernier reprochant à la marque d’utiliser des designs des populations indigènes sans les avoir crédités. Des marques comme Anthropologie et Patowl avaient elles aussi reçu un courrier du ministère de la Culture du Mexique à ce propos.
Les premières touchées par l’appropriation culturelle ou le plagiat sont les populations, désirant que leur culture et leur patrimoine soient reconnus comme il se doit. Une revendication légitime, qui mériterait d’être entendue. Néanmoins, la création doit pouvoir continuer de puiser ses inspirations à travers le monde sans être accusée systématiquement d'appropriation. Le tout pour les professionnels de la mode est de reconnaître où leurs aspirations ont été puisées afin d'honorer les cultures qui les inspirent. L'idée étant de ne pas aller jusqu'à interdire les clins d'œil culturels mais surtout de rappeler que lorsqu'il y en a, ceux-ci doivent être accompagnés d'une explication afin de ne surtout pas éteindre des cultures.


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