Les femmes qui ont fait l’Histoire : les grandes oubliées
janvier 11 2022 – Maud Oukaltoum

"Tout lieu qui n'accepte pas le féminin est stérile." Ibn Arabi
L’Histoire est écrite par des hommes mais aussi par des femmes. À travers leurs engagements, leurs découvertes, leurs exploits, elles ont eu une influence majeure dans notre Histoire. Si les livres et les récits historiques ont tendance à occulter ou bien à faire passer les femmes à l’arrière-plan, elles ont néanmoins imposé leur empreinte à toutes les époques et cet héritage n’est pas près de s’arrêter.
Dans cet article, nous nous intéresserons à ces femmes oubliées qui ont fait l’Histoire et ce, dans différents domaines. Une saga que vous retrouverez chaque mois dans un article consacré à une femme qui a marqué son époque et laissé son empreinte pour les générations suivantes.
Une histoire de transmission
Sciences, politique, religion, littérature, sport, éducation, business, tous les domaines ont été marqué par le féminin.
Or la transmission générationnelle manque d’objectivité et oublie la part des femmes dans l’Histoire de nos sociétés. Pourquoi ? car les archives sont faites par les hommes et pour les hommes avec un oubli : la femme.
Par exemple, lorsque nous parlons des peintures de Lascaux, a-t-on évoqué l’idée que ces peintures aient pu être réalisées par des femmes ? La réponse est non. Or la rigueur de l’Histoire n’est pas en mesure de démontrer si les peintres en question étaient des hommes ou des femmes.
Lorsque les récits abordent le rôle des femmes, ceux-ci prennent la forme d’anecdotes si bien que leur présence semble être un concours de circonstance ou bien, comme si certaines d’entre elles avaient des destins d’exception qui leur avait permis d’accéder à cette place. Ainsi, nous retrouvons toujours les mêmes portraits de femmes comme si les autres n’existaient pas.
Ces exemples ne sont pas des faits isolés mais ils illustrent les représentations collectives transmises de génération en génération.
Vous l’aurez compris, le rôle des femmes dans l’Histoire est soumis aux résistances de nos sociétés. Les manuels d’Histoire de l’enseignement en sont la plus belle illustration.
Et pourtant nombreuses sont celles qui ont été des figures importantes de leur époque forçant le respect des hommes et laissant un héritage fort à nos sociétés actuelles.
De la gouvernance aux sciences, tous les domaines sont imprégnés du féminin
Les femmes n’ont pas attendu la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne en France en 1791, ni la seconde moitié de XXe siècle pour s’émanciper et être un acteur majeur de la société moderne. Durant l’antiquité, certaines ont été à la tête d’Empires, aux commandements d’armées, diplomates…
Des récits datant de l’Antiquité ont démontré que des femmes avaient été pharaons mais souvent de courtes durées. Or il existe une femme Hatshepsout qui a régné durant 22 ans de 1479 à 1457 avant notre ère, ce qui est long pour l’époque. Durant son règne, elle s’attache à bâtir des relations commerciales extérieures qui enrichissent son Empire. Elle se lance également un programme de reconstruction des temples et édifices d’anciens pharaons.
Bien d’autres femmes se sont illustrées dans des carrières de gouvernance et sont reconnues pour avoir été exemplaires : Chajar Ad-Durr en Égypte, Arwa Bint Ahmed au Yémen, Zaynab Nefzaouia au Maroc, Wu Zetian en Chine, Irène à Byzance… et encore bien d’autres.
Les femmes ont également contribué à l’avancement des sciences ainsi qu’à la transmission du savoir, qu’il soit profane ou religieux.
Le nom de Fatima Al-Fihriya vous évoque-t-il quelque chose ? Cette femme a été la fondatrice de la première université au Monde : El Quaraouiyine à Fès, au Maroc. Elle a voué sa vie et sa fortune à la création d’un lieu dédié à la recherche et aux sciences profanes et religieuses. Pour cela, elle lance la construction de la Mosquée Al Quaraouiyine en 859. Ce lieu devient très vite une référence dans le rayonnement intellectuel du Monde arabo musulman. On y enseignait des disciplines comme la philosophie, la théologie, les mathématiques, la littérature, l’astronomie… Par ce modèle, l’Université servira de référence aux autres universités du Monde.
Un autre portrait inspirant, celui d’Agnodice, la première femme médecin et gynécologue de la Grèce Antique. Née en 305 avant notre ère, elle décide de faire des études de médecine mais les femmes n’ayant pas accès à cette spécialité, elle décide de se couper les cheveux et de se faire passer pour un homme. Elle décroche brillamment son diplôme et exerce la gynécologie avec succès. Néanmoins, elle est poursuivie et jugée pour exercice illégale de la médecine car une femme ne pouvait accéder à cette place. Mais grâce au soutien de ses patientes, elle est libre de toute charge et un an après, la loi interdisant l’exercice de la médecine aux femmes est abrogée.
Ces figures de notre héritage sont des sources d’inspiration et des modèles pour toutes les femmes. Au temps, où la parité n’était pas celle d’aujourd’hui, elles ont su imposer leurs idées et créer leur place dans un contexte parfois hostile.
Une reconnaissance juste du rôle de la femme dans l’Histoire
Cette volonté de reconnaître la place des femmes dans l’Histoire n’est en aucun cas une revendication féministe ou bien militante. Il s’agit de porter un regard objectif sur notre passé et de rétablir une justice à l’égard de celles qui ont écrit l’Histoire et contribué au progrès de la société. Ceci passe par la déconstruction du modèle de pensée hérité de nos transmissions : éducation, enseignement…
L’oubli de la femme n’est pas une fatalité. La plume de la transmission doit être partagée entre les hommes et les femmes pour écrire et raconter l’Histoire à deux.

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